Les maladies à
prion sont transmissibles. En cause,
un agent infectieux. Jusqu’ici, rien
que du très classique me direz-vous. D’accord, mais par quel type de pathogène
sont causées les maladies à prion ?
L’agent responsable
des maladies à prion est une protéine.
L’idée d’un agent infectieux de nature protéique a
fait l’objet d’intenses débats depuis sa proposition en 1967 par John S.
Griffith et la formulation du concept de prion (proteinaceous
infectious particles) par Stanley B. Prusiner en
1982.
Néanmoins l’idée
fit peu à peu son chemin dans la communauté scientifique et elle est maintenant
largement admise. Pour faire simple disons que le concept du prion de mammifère, c’est une protéine
pouvant exister sous deux formes : l’une dite « normale » et
l’autre pathologique. Le prion est donc un peu le Docteur Jekyll et Mr Hyde des
protéines.
A l’état normal,
cette protéine, qui a depuis été identifiée, est appelée protéine prion physiologique ou cellulaire et est retrouvée chez
tous les mammifères. Elle est produite par presque tous les tissus de
l’organisme et est présente majoritairement à la surface des cellules.
Elle a de très
nombreux partenaires cellulaires et extra-cellulaires et est impliquée dans de
nombreuses fonctions de la cellule telles que la communication entre cellules,
le développement des réseaux neuronaux ou encore la protection de la cellule contre
différents stress cellulaires. Cette liste est loin d’être exhaustive.
De façon générale,
les fonctions et les partenaires d’une protéine sont intimement liés à sa conformation spatiale ou 3D (la manière
dont la protéine est repliée dans l’espace). L’exemple que l’on donne souvent,
même s’il est assez limité, est la clef qui actionnée dans la serrure d’une porte
va permettre d’ouvrir ou de fermer cette dernière : l’interaction entre la
clef et la serrure repose sur leurs formes complémentaires.
La protéine prion
cellulaire présente une conformation spatiale donnée, très bien caractérisée,
avec laquelle elle va réaliser ses différentes tâches physiologiques en
fonction de sa localisation dans la cellule, des partenaires présents, du
contexte cellulaire et/ou environnemental, etc...
Dans certaines
situations que j’aborderai par la suite, la protéine prion peut adopter une/des
conformation(s) 3D alternative(s)
qui lui confère(nt) des propriétés différentes de celles de la protéine prion
cellulaire. On dit qu’elle est transconformée
ou mépliée et c’est son accumulation
dans le cerveau qui va aboutir à la dégénérescence des cellules neuronales. En
conséquence, la forme mépliée est qualifiée de protéine prion pathologique mais on l’appelle aussi prion tout simplement.
Les molécules de protéine
prion pathologique sont (i) agrégées entre elles et (ii) capables de transmettre
leur conformation aux molécules de protéine prion cellulaire. Au contact des agrégats de protéine prion
pathologique, la protéine prion cellulaire est convertie en protéine prion
pathologique par des mécanismes qui seront discutés lors d’un prochain
billet. C’est ainsi que l’infection
se propage dans l’organisme.
Comment l’accumulation
de protéine prion pathologique dans le cerveau conduit-elle à la mort des
neurones constitue une des grandes questions auxquelles cherchent à répondre
les chercheurs travaillant sur les maladies à prion. Je ne serai donc pas en
mesure de vous donner une réponse bien nette et toute jolie. Un élément de
réponse cependant : la mort
des cellules neuronales est liée à la conversion de la protéine prion
cellulaire produite par les cellules neuronales elles-mêmes. Il ne suffit donc
pas de mettre de la protéine prion pathologique en contact avec des cellules
neuronales pour que celles-ci dégénèrent.
Il est proposé que la
conversion de la protéine prion cellulaire neuronale en protéine prion
pathologique puisse perturber la bonne marche des fonctions impliquant la
protéine prion cellulaire dans les cellules neuronales. La protéine prion
pathologique pourrait également être toxique en elle-même pour les cellules
neuronales.
Pour aller plus
loin :
- Le mouton, la
vache et le vieux papou de Mohammed Moudjou, un livre très poétique pour
découvrir l’histoire des recherches effectuées autour des maladies à prion (http://www.edilivre.com/auteurs/mohammed-moudjou-10096.html)
- Les dossiers
d’information de l’Inserm (http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/maladies-a-prions-maladie-de-creutzfeldt-jakob)
- Le site de
l’Organisation mondiale de la santé animale pour s’informer sur l’évolution de
l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB ou maladie de la vache folle) dans le
monde (http://www.oie.int/fr/sante-animale-dans-le-monde/donnees-specifiques-sur-lesb/)
A suivre : Les
maladies à prion – aujourd’hui on fait un atelier bracelets en élastiques
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